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Santé

Tchad: «Docteurs tchoukou» ou les éternelles victimes des autorités ?


Alwihda Info | Par PAR LIVANA FEU - 5 Septembre 2014


L’angoisse et la colère des Docteurs Tchoukou ne sont pas à démontrer et ces derniers semblent bénéficier du soutien de la population moyenne qui n’a pas accès aux pharmacies compte tenu de sa bourse.


PAR  LIVANA FEU
 
Les vendeurs ambulants des produits pharmaceutiques, communément appelés  «les  Docteur Tchoukou » font l’objet de rafles régulières de la police parfois sur instruction de la justice ou du Ministère de la santé publique. A Bongor, ces marchands ont encore été une fois de plus victime d’une rafle initiée par les autorités en charge de la sécurité publique. La délégation régionale de la police et de la gendarmerie de Mayo Kebbi Est, ont déclenché une opération de saisie des produits pharmaceutiques, généralement, vendus à la sauvette dans les marchés du chef lieu de la région, Bongor. Plus de quatre tonnes de ces produits ont été bloqués, saisies et transférés au bureau du procureur de la région. La valeur totale des produits est estimée à hauteur 30 millions de nos francs. Les Docteurs tchoukou étant dans le choc, ne savent pas à quelle porte faut-il frapper. Les kiosques des comprimés sont restés fermés toute la semaine et une vague de tension a monté entre les consommateurs des produits tchoukou et la police.
 
Saisi de l’affaire, le parquet près le tribunal de grande instance de Bongor a mis sous scellé les produits en question. Après plusieurs audiences renvoyées, les victimes de la rafle se trouvent dans une position d’incertitude.  L’angoisse et la colère des Docteurs Tchoukou ne sont pas à démontrer et ces derniers semblent bénéficier du soutien de la population moyenne qui n’a pas accès aux pharmacies compte tenu de sa bourse. «Nous ne sommes pas des voleurs, ni des hors les lois. Nous sommes justes des commerçants qui viennent au secours des plus démunis dont leurs bourses ne les permettent pas d’aller à la pharmacie acheter des produits médicaux. Nous ne vendons pas des produits dont la date est expirée, les autorités elles mêmes le savent. Beaucoup d’entre elles sont nos clients. Nous essayons de conserver les médicaments selon les conditions des notices de chaque produit. Mais les rafles, sont abusives…. » Justifie l’un des tchoukou, Kanika Madjimbaye à Alwihda.
 
Plus le temps passe, plus les choses se compliquent pour nos Docteurs tchoukou. Les audiences vont de report en report et ces derniers perdent le contrôle de la situation. Selon une source au sein des Tchoukou, rapporte à Alwihda que certains agents au sein du parquet auraient restitué une grande partie à certains Tchoukou qui auraient monnayé l’échange. Etant donné que l’affaire est pendante devant le tribunal, les victimes de rafle s’abstiennent de toute déclaration sur cet aspect et se sont constitués. Toutefois disent-ils, leur constitution de  partie civile ne doit pas souffrir d’ambiguïté, car ils comptent poursuivre l’Etat en cas de restitution officieuse à une ou un groupe de personnes, de ces produits saisies. Du côté de la justice, rien ne filtre pour l’instant et le dossier semble faire de surplace pendant que les docteurs tchoukou, font presque tous les jours, de défilés devant le tribunal. La population, elle, s’impatiente. «C’est vrai que l’absence des tchoukou est un coup dur pour la population, surtout pour certains qui sont habitués avec les produits vendus à la sauvette… Pour aller à la pharmacie, il faut être muni d’une ordonnance, qui est elle-même délivrée après consultation d’un docteur à l’hôpital… Ce n’est pas facile.» argumente une patiente. Les Tchoukou, ou les éternelles victimes des autorités?
 



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